Economie d'énergie, économie de temps, création d'emploi et vente directe : Ou comment en parrainant une brebis en voie d'extinction on protège l'environnement et on développe l'économie locale.

Je suis jeune agriculteur (32 ans) en Sologne (Loir-et-Cher). 

Je pratique et développe une "agriculture dite de "conservation"  économe en intrants (engrais et produits phytosanitaires) dont l'objectif est de préserver la biodiversité du sol tout en développant son auto-fertilité (capacité à nourrir une culture sans nécessiter d'intrants).

Je travaille selon la méthode dite "SDSC" Semis Direct Sous Couvert. C'est à dire qu'à l'inverse de l'agriculture conventionnelle utilisant le labour à grand renfort de carburant et de chimie, je ne laboure pas mes sols et je viens directement semer mes cultures dans un couvert végétal.

Cette technique innovante me permet d'économiser 70 litres de gasoil par hectare et par an, soit 2800 litres pour ma seule exploitation.

biomax

Ce couvert végétal est semé entre deux cultures et son objectif est triple :

- Protection du sol et de la biodiversité (avec notamment un accroissement de la biomasse du sol) ;

- Structuration du sol par des systèmes racinaires performants et diversifiés ;

- Régulation des adventices (mauvaises herbes) : le choix de plantes compétitives et agressives permet d'étouffer les mauvaises herbes (ce qui permet de réduire drastiquement l'emploi d'herbicides).

Les couverts végétaux sont très performants mais posent parfois un problème lors du semis car ils peuvent dépasser 1,2m de hauteur. Cette luxuriance peut entrainer le bourrage du semoir et la nécessité de broyer, ce qui génère une surconsommation non souhaitée de gasoil.

Par ailleurs, ces couverts représentent une nourriture abondante et idéale pour les moutons à une période où les pâturages traditionnels sont peu productifs.

Alors que faire ?

Diversifier mon activité et faire pâturer par des moutons les couverts végétaux avant les prochains semis.

Solognote 5

En intégrant dans ma rotation (enchainement de différentes cultures) le pâturage des moutons, j'économiserai non seulement de l'énergie et du temps dans la gestion du couvert mais aussi et surtout je bénéficierai de l'amendement (engrais) produit par les moutons : Les excréments des moutons sont un fertilisant (engrais) pour la culture suivante !

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Pourquoi le mouton solognot ?

La race "Solognote" est la seule race ovine adaptée aux terres humides de Sologne. C'est une race rustique, capable rester en extérieur toute l'année et par tout temps.

Il s'agit d'une race menacée d'extinction, dont il reste à ce jour moins de 3000 animaux répartis en onze familles (dont la majeure partie ne se trouve pas en Sologne).

En participant à la préservation de cette race oubliée et délaissée par l'agriculture conventionnelle, on sauvegarde notre patrimoine, tout en favorisant l'innovation des pratiques agricoles (moins de chimie, plus d'efficacité, plus de nature et ... moindres coûts).

Ci-contre une description de la race Solognote

Y aura t-il assez de couverts à pâturer pour les moutons et que mangeront-ils lorsqu'il n'y aura pas plus de couverts ?

Oui, il y aura assez de couverts à pâturer puisque le nombre de moutons sera adapté à la surface à pâturer.

De plus, il n’y aura pas que des couverts il y a aussi des prairies temporaires de 3 ans, et c'est là la grande force de ce projet.

Grâce aux rotations culturales que je pratique, je possède chaque année un minimum de 5 cultures différentes sur un ensemble de 14 parcelles regroupées en 7 éléments de rotation d’un peu plus de 5 hectares chacun.

Certaines parcelles (pour les cultures de printemps) sont semées de mars à juin et d'autres (pour les cultures d'hiver) sont semées d'août à novembre. Ainsi, entre chaque nouvelle culture il y a un couvert végétal destiné aux moutons.

A ces 14 parcelles s’ajoutent 3 prairies humides qui me serviront d’ajustement en période sèche.

Ces couverts sont semés en décalé à 4 dates différentes ce qui génère un parcours pour les moutons.

Les moutons sont dans les couverts de septembre à mai et dans les prairies de juin à août.

A l'échelle d'une parcelle et sur une durée de 7 ans, la rotation est la suivante :

schema rotation7 avec mouton

L'enchainement sur l'ensemble des parcelles est le suivant :

Animation mouton rotation

Cette rotation apporte plusieurs avantages par rapport au système d'élevage conventionnel (animaux en bâtiment nourris aux granulés et au foin l'hiver et dans un minimum de prairies l'été) :

- non seulement ce parcours améliore l’état sanitaire du troupeau car les moutons sont au maximum 1 mois et demi par an dans une même parcelle avec une pause de 2 ans tous les 5 ans, ce qui limite le risque de développement des parasites ;

- mais aussi, le troupeau a accès à une nourriture riche et variée, ce qui améliore leurs conditions de vie : Les couverts sont composés d'une multitude d'espèce végétales dont, entre autres : Avoine noire, Vesce, Feverole, Phalecie, Petit pois, Trèfle incarnat, Moutarde, Radis, Sarrasin, Avoine brésilienne, Tournesol, Trèfle violet ...

Les moutons, paissent, fertilisent et se reproduisent, que fait-on des petits ?

C’est le troisième bénéfice de ce projet : La vente des agneaux et des agnelles à partir de 2017*.

En s’inscrivant dans un programme d’élevage et de sauvegarde de la race solognote, on va sélectionner les futurs reproducteurs (toutes les femelles et certains mâles), pour qu’ils aillent rejoindre d’autres élevages (ou le jardin d’un particulier).

Le reste des agneaux non reproducteurs sera vendu en vente directe.

*) Pourquoi à partir de 2017 ?

Les premières agnelles arriveront courant août 2015 ne seront mises en lutte (mise au contact du bélier) que l'année suivante. La période de gestation est de 5 mois et le temps nécessaire à la croissance de l'agneau en plein air est de 6 mois. Les premiers agneaux ne seront disponibles qu'à partir de 2017.

Soit un délai de 2 ans entre l'arrivée des premières agnelles et les premières ventes.

Vente directe des agneaux ?

Oui ou plus exactement la vente directe par correspondance :

Je vais mettre en place un partenariat local pour la préparation et le conditionnement des agneaux en caissettes sous vide.

Un ingénieux et écologique système de colis réfrigéré ColdPack me permettra de vous envoyer les caissettes ainsi préparées en toute sécurité par Chronopost chez vous (le système coldpack permet d'assurer 48h de froid).

duprodauconso

Quel est l'intérêt économique du projet ?

Ce projet va fortement renforcer l’efficacité de mon système cultural et pérennisera mon exploitation en venant générer un revenu supplémentaire par la vente directe des agneaux à partir de la deuxième année.

En outre, cette activité supplémentaire me permettra de créer un emploi à mi-temps sur l'exploitation qui sera partagé entre les soins aux moutons (surveillance et déplacement des moutons entre les parcelles), la vente directe et les pics d'activités lors des semis et récoltes.

Donc, pour résumer, avec ce projet non seulement je sécurise économiquement mon exploitation, je préserve l'environnement et la race solognote et, en prime, je crée un emploi !

Mais pourquoi faire appel à vous ?

- Parce qu'il s'agit d'un grand projet (34k€) qui ne pourra pas voir le jour sans votre soutien ;

- Parce que la rentabilité écologique est malheureusement aujourd'hui encore une notion financièrement abstraite ;

- Parce que "hypothéquer" des brebis et des béliers pour obtenir un prêt est une notion un peu étrange, et qu'expliquer à un banquier que les moutons sont principalement là pour gérer les couverts et produire de l'engrais est vraisemblablement une perte de temps ;

- Parce que parrainer une brebis pour protéger la biodiversité (vous pourrez même lui donner un nom) et créer de l'emploi c'est sympa !

- Parce que la vente directe c'est bien, mais pouvoir dire que l'on est à l'origine du projet et qu'en plus on est aussi un peu l'éleveur de l'agneau que l'on est entrain de manger, est un sujet de discussion assuré !

- Parce que vous êtes visionnaire, sympa, et qu'au fond de vous, vous avez toujours voulu être (un peu) éleveur de brebis en Sologne !

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A propos de moi : Qui suis-je, d'où viens-je, que fais-je, où vais-je ?

Comme introduit plus haut, je suis un jeune agriculteur pluriactif, ce qui veut dire que je ne tire pas l'ensemble de mes revenus de mon activité agricole. Mon second métier participe au financement de mon installation agricole (achat des matériels, du foncier, ...).

J'ai tout d'abord travaillé sur les nano-matériaux, notamment au Brésil, puis dans le management l'innovation, pour enfin avoir l'opportunité de devenir agriculteur.

J'ai alors fait le pari de créer une exploitation agricole en Sologne. En choisissant une région pour laquelle j'ai un attachement familial, j'ai aussi fait le pari de faire revenir l'agriculture sur ce territoire réputé difficile et pauvre.

Je suis conscient que l'agriculture conventionnelle consomme beaucoup de ressources (produits phytosanitaires, engrais, carburants, antibiotiques, ...). Mais je suis persuadé qu'il est possible de produire autrement, en consommant moins, tout en produisant autant si ce n'est mieux, à condition d'aller dans le sens de la nature et en s'affranchissant de toute idéologie.

J'ai rencontré, en France et de par le monde (au Brésil notamment), des agriculteurs qui, par leurs pratiques culturales innovantes et durables, améliorent continuellement leur qualité de vie et préservent leur environnement.

Je suis convaincu que nous sommes à l'orée d'un changement des pratiques agricoles où nous comprendrons l'importance d'un sol vivant, d'une agriculture gestionnaire des symbioses, non plus "chimiquement" intensive mais "écologiquement intensives".